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De nombreux sites cartophiles ont été rassemblés pour vous dans la rubrique Liens, article Sur la Toile. Ne manquez pas d’y aller pour des visites virtuelles variées.
En rédigeant l’article Des cartes sur la Toile, j’ai découvert une série de photos de Viroflay datant de 1905. Elles représentent la Villa bon repos et un étang (donc pas sur le territoire de la commune). Une recherche sur Chaville donne trois photos d’un étang. Ces photos proviennent de la base de données Mémoire mise à disposition par le ministère de la culture.
Article proposé par Jean Larour
Quelque part à la fin des années 1950, mon père m’avait emmené voir le défilé carnavalesque de la Mi-Carême dans le centre de Nantes.
Musique, bruits, foule et surtout des confettis de papier multicolores formant une couche molle sur le sol, effaçant les caniveaux ; c’est le souvenir que j’en garde, même s’il est flou et probablement mêlé à celui des fêtes du muguet à Chaville.
Avant de passer aux cartes postales, faisons un peu d’histoire.
Le nom carême provient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième ». La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Mardi-Gras et Mercredi des Cendres
Les quelques jours qui précèdent le Carême sont fêtés par des carnavals dans certaines traditions. Ils sont perçus comme la dernière occasion de faire bombance avant la période de jeûne. Le Mardi Gras, est en général le jour où le carnaval bat son plein.
Le mercredi des Cendres est un jour de pénitence qui marque le début du Carême dans le christianisme.
Le Carême
Le Carême est un temps liturgique de dévotion à Dieu associée à une alternance de jours de jeûne complet et de jours d’abstinence (jours maigres) d’une durée de quarante jours que le catholicisme a instituée au IVe siècle.
Mi-Carême
Comme son nom l’indique, la mi-Carême marque la moitié du Carême, mais rien dans le calendrier liturgique n’indique ce temps précis.
Pourtant les crêpes, les bugnes et autres traditions culinaires festives viennent agrémenter ce jour. Probablement du bon sens économique ! Le Carême est un temps de jeûne et les générations passées prenaient très au sérieux cet aspect particulier. Même les œufs étaient interdits. Mais les œufs ne se conservent guère plus de 20 jours, c’est-à-dire la moitié de 40. C’est pour ne pas perdre cette denrée précieuse qu’on l’utilisait sous toutes les formes possibles.
A mi-chemin du Carême, comme une pause dans les privations et pour ne pas laisser perdre les provisions périssables, la tradition populaire a donc placé une occasion festive. C’est aussi le pendant du Mardi-gras où l’on finissait les réserves de viande avant la période des privations.
Attestée depuis le 17ème siècle, la mi-Carême semble avoir trouvé son origine en France, voire à Paris, où se tenait ce jour-là, jusqu’au premier tiers du 20ème siècle, les fêtes des blanchisseuses.
Nantes patrimoine propose un lien historique. Nous y lisons :
Les premières mascarades de Carnaval prennent, à Nantes, la place de la Fête des fous au 16e siècle. Elles célèbrent la fin de l’hiver et s’y exhibent charivaris, masques et travestis. Le calendrier chrétien cautionne leur caractère de licence aux Jours gras et au milieu du jeûne du Carême. À Mardi-gras, à la Mi-Carême, les Nantais festoient en place publique : carne vale, adieu la viande. Et au terme d’un procès enjoué, le mannequin de Carnaval, dont on brûle aujourd’hui encore le char à la fin du défilé de nuit, finit sur son bûcher où grillent les viandes de la ripaille.
Au 19e siècle, quai de la Fosse, derrière des cavalcades, les masques à pied d’une foule populaire et bourgeoise s’interpellent avec insolence et ironie. À la Belle Epoque, place Graslin, au Café de France ou au Molière, l’inversion des rôles et les rencontres des populations décalquent et décalent les rapports sociaux - contagion du champ politique. Elles tournent souvent au règlement de compte lors de batailles d’oranges, vecteurs symboliques de la lutte des classes. Si la fête résonne d’accents divergents, elle ne menace, toutefois, que parodiquement l’ordre social. Elle le transgresse provisoirement. C’est la fête - et non le pouvoir - qui est dans la rue.
Ainsi, autour des années 1880, se met en scène, à Nantes, la Mi-Carême moderne qui supplante Carnaval. Elle imagine et invente son effervescence figurative : grosses têtes, fanfares, défilés où les chars font leur entrée : celui des blanchisseuses, ces « poules d’eau » comme on les surnomme alors, puis celui le premier porteur de « réclame » et en 1896 celui des reines de la Mi-Carême, lavandières de la Sèvre ou de l’Erdre, symboles de la jeunesse et de la beauté, « fleurs de lessive » comme l’écrit joliment le poète Yves Cosson. J-L Hubert rendra hommage à l’une d’elles, la superbe métisse Mireille Joséphau, dans son film La Reine Blanche. On sait aussi l’attachement de Jacques Demy à l’univers poétique et festif de la Mi-Carême dont on retrouve l’influence certaine dans nombre de ses films, ce que montre sa compagne Agnès Varda dans Jacquot de Nantes.
On trouve des cartes postales relatives à de multiples années. Le tableau ci-dessous donne les fréquences constatées sur près de 2000 cartes proposées à la vente sur Delcampe. Malgré l’Âge d’Or de la CP, il y a peu de reportages avant 1910. La Première Guerre mondiale a rapidement stoppé toutes les festivités, la reprise allant de 1920 à 1932. Les soubresauts politiques puis la seconde guerre mondiale interrompront durablement les fêtes, alors que l’usage de la CP s’estompe. Typiquement,
année | fréquence | commentaire |
1904 | 0,15% | |
1905 | 0,07% | |
1906 | 0,81% | |
1908 | 0,07% | |
1909 | 0,07% | |
1910 | 0,95% | |
1911 | 2,94% | première fête notablement photographiée |
1912 | 5,29% | |
1913 | 3,89% | |
1914 | 6,98% | tout allait bien jusqu’à la Guerre |
1919 | 0,07% | reprise timide après la guerre |
1920 | 1,17% | |
1921 | 7,20% | début de série faste |
1922 | 4,55% | |
1923 | 7,34% | |
1924 | 7,78% | les pics de succès s’enchaînent |
1925 | 7,20% | |
1926 | 6,24% | |
1927 | 7,64% | |
1928 | 7,64% | |
1929 | 3,52% | crise de 1929 fin octobre |
1930 | 4,63% | |
1931 | 5,36% | |
1932 | 6,17% | fin de la série faste |
1935 | 0,15% | 1934, 36 et 37 printemps peu propices (grèves) |
1939 | 0,29% | |
1947 | 0,15% | après-guerre |
1949 | 0,07% | |
1950 | 0,22% | |
1951 | 0,81% | des photos privées uniquement |
1952 | 0,07% | |
1953 | 0,07% | |
1961 | 0,07% | |
1977 | 0,07% | |
1983 | 0,22% | |
1986 | 0,07% |
1906
1912
1913
1914
1917
1921
1922
1923
1924
1 La Marquise de la Crébillonnière revient de la chasse
Une allusion à la rue Crébillon, rue commerçante rectiligne et historique du centre-ville, et au verbe crébillonner (traîner en faisant ses courses).
1925
Ce char exploite le thème de la malle-poste comme on peut l’identifier ci-dessous avec le modèle de malle "briska" pour le "service des dépêches".
1926
1928
1929
1930
1932