Expo virtuelle 2022

Noms de rues : un patrimoine négligé et menacé

 

La lecture sur le web d’un article de Michel Baumgarth, intitulé Un patrimoine négligé et menacé : les étonnants noms de nos rues, ruelles et chemins, a stimulé notre réflexion de par sa pertinence pour le thème de l’exposition.

Rappelons l’introduction de l’auteur : "La routine rend bien des objets de notre vie quotidienne transparents à notre regard : bien qu’ils nous soient indispensables, on ne les voit vraiment que lors des rares circonstances où on les utilise consciemment. Les plaques qui mentionnent le nom de nos rues n’échappent pas à cette fatalité. Pendant de longues années, je n’ai vu en elles que le support des banales indications indispensables pour se repérer en ville et permettre la distribution du courrier ; mais un événement fortuit m’a fait prendre conscience que, si la majorité d’entre elles sont de la plus grande banalité, il se cache au milieu de cette multitude de véritables bijoux."

Des pistes historiques

Au fil du temps, que deviennent ces noms de voies qui font référence à des lieux-dits oubliés, à des monuments ou à des métiers disparus, à des références anecdotiques ? Y pensons-nous quand nous empruntons ces voies ? Levons-nous encore les yeux sur ces plaques émaillées ? Pire, qui connaît encore ces personnalités qui furent célèbres en leur temps ?

La liste ci-dessous nous propose quelques exemples coquasses relevés dans un annuaire de Paris et sa banlieue dans les années 1930 :

Florilège de rues de banlieue selon Michel Baumgarth
Florilège de rues de banlieue selon Michel Baumgarth

Que de références probablement disparues 80 ans plus tard ! Mais aussi combien d’histoires à exhumer, combien de pistes fournies pour creuser l’histoire locale ?

La riche histoire médiévale de Paris transparait aussi dans ces exemples, tirés du même "indicateur" :

Source Michel Baumgarth.
Source Michel Baumgarth.

Et maintenant, que faire ?

Les plaques de rues constituent donc un patrimoine négligé ou menacé. Il est vrai qu’il faut faire un peu de place pour les références modernes ou expurger les anciennes ; ces noms bucoliques ou bien ne parlant plus à la population sont souvent "revisités" comme on dit maintenant, et finalement sacrifiés.

Au gré des ravalements et des constructions, des plaques ne sont pas replacées, ou d’autres sont remplacées et perdent les mention explicatives annexes (dates de naissance et de décès, activité, rôle local ou national).

C’est un des objectifs de notre exposition que de remettre en lumière ces noms de personnes mais aussi ces références locales perdues.

A Viroflay, quid des Quarante-Arpents ou de la Grâce de Dieu, qui était Gaugé, Guinon, Joseph Chaleil ou Julien Certain ? A Chaville, quid des rues de Morte-Bouteille, des Huit-Bouteilles, des Châtres-Sacs ou du pont de la Femme-sans-tête ?

Tout n’est pas perdu. On peut noter par exemple le souci de la RATP de garder une unicité des noms de station sur l’ensemble d’une ligne. Ainsi le bus 171, qui traverse Sèvres, Chaville, Viroflay et Versailles, privilégie chez nous les références à des rues qui ne sont pas principales (Pierre Edouard, Président Doumer) ou qui ont disparu (Grâce-de-Dieu).


mise à jour février 2021