Le grand chemin de Paris à Versailles est ouvert au XVIIe siècle, lors de la construction du château de Versailles. A la Restauration, il devient Route Royale de Paris à Bayonne, puis Route Impériale, puis route Nationale 10, et maintenant c’est la route Départementale n° 10. Le 3 décembre 1947, la route Nationale (en 1939, elle s’est appelée de façon très éphémère avenue du Président Daladier) devient l’avenue du Général Leclerc.
Elle a vu passer l’Histoire de France :
Le 5 octobre 1789, les femmes de Paris, qui réclament du pain, marchent en armes sur Versailles et ramènent le lendemain, la famille royale. « Le boulanger, la boulangère et le petit mitron » passent devant l’Ecu de France à Viroflay.
En 1871, un poste de contrôle de l’armée allemande situé sous les Arcades, filtre le passage pendant le siège de Paris.
En juin 1940, les foules de l’exode encombrent la route Nationale pendant des jours et des nuits.
Le 21 août 1944, on voit passer la voiture de l’ambassadeur de Suède chargé par le général von Choltitz de rejoindre Leclerc à Rambouillet pour négocier la reddition de la capitale. Le 24 août, une partie de la division Leclerc traverse la ville dans le fracas des blindés sous les acclamations de la population.
La route Nationale connaît des expériences de transport en commun. En 1835, un ingénieur belge installe un train routier tiré par une locomotive à vapeur mais non montée sur rails ; ensuite on voit le chemin de fer américain, sur rails, à traction hippomobile d’abord, puis à partir de 1878 à traction à vapeur. A partir de 1914, la Compagnie Générale des omnibus de Paris met en service des automotrices à impériales à traction électrique par trolley : c’est la ligne n° 1 Louvre-Versailles. Ensuite, c’est un tramway qui fait le trajet, remplacé maintenant par un autobus.
On voit également passer des voitures tirées par des chevaux, chargée des légumes de tous les maraîchers de la région qui vont aux Halles, ou bien chargées de linge blanchi que l’on rapporte à leurs propriétaires, dont certains ont une maison de campagne à Viroflay.
Les auberges sont nombreuses tout au long de la route nationale : l’Écu de France au n° 76, ancien relais de poste construit vers 1780 ; l’auberge du Grand Saint-Martin au n° 67 fondée en 1781, dernière halte avant Paris des rouliers qui amènent de la Beauce les lourds charrois de grains et de farine, ou le bétail pour les abattoirs de Paris. L’Étoile d’Or au n° 192, qui comme d’autres deviendra dancing le dimanche entre les deux guerres.
Philippe de Hautecloque, dit Leclerc (1902-1947), rejoint le général de Gaulle à Londres parmi les premiers. Il rallie le Cameroun et le Tchad à la France Libre. A Koufra, en mars 1941, il prononce son serment célèbre de ne déposer les armes qu’après avoir vu flotter le drapeau français sur la cathédrale de Strasbourg, ce qu’il réalise en novembre 1944, après avoir participé au débarquement de Normandie et libéré Paris. Il reçoit pour la France la capitulation du Japon en août 1945 et meurt deux ans plus tard dans un accident d’avion près de Colomb-Béchar en Afrique du Nord. Il est fait maréchal de France à titre posthume en 1952.