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19 février 2008

De nombreux sites cartophiles ont été rassemblés pour vous dans la rubrique Liens, article Sur la Toile. Ne manquez pas d’y aller pour des visites virtuelles variées.

Photos anciennes de Viroflay

24 août 2005

En rédigeant l’article Des cartes sur la Toile, j’ai découvert une série de photos de Viroflay datant de 1905. Elles représentent la Villa bon repos et un étang (donc pas sur le territoire de la commune). Une recherche sur Chaville donne trois photos d’un étang. Ces photos proviennent de la base de données Mémoire mise à disposition par le ministère de la culture.

Jules et Georges Claretie

 

Jules Claretie est une célébrité qui a vécu à Viroflay, rive droite, à la villa Les Ormes. Si l’on suit un de ses pseudonymes qu’il a choisi, il semble qu’il faille prononcer Clar’tie mais rien n’est clair. Dans sa notice sur Internet, on lit :

Arsène Arnaud Clarétie dit Jules Claretie ou Jules Clarétie, né le 3 décembre 1840 à Limoges et mort le 23 décembre 1913 à Paris, est un romancier, dramaturge français, également critique dramatique, historien et chroniqueur de la vie parisienne. Au cours de sa longue carrière, outre la signature Jules Claretie, il a recours à plus d’une douzaine de surnoms afin de publier plus librement ses œuvres littéraires (Abnot, Robert Burat, Caliban, Candide, Arnold Lacretie, Jules Clarty, Georges Duclos, Charles Geoffroy, Olivier de Jalin, Jules de Lussan, Perdican, Jules Tibyl, William), et des pseudonymes pour ses articles dans la presse (Jules Claretie, Un critique d’art, Un Critique d’art, Arnolfo Lacretie, Olivie de Jalin).

Jules Claretie collabore à de nombreux journaux, notamment au Figaro et au Temps, sous plusieurs pseudonymes. Il tient la critique théâtrale à l’Opinion nationale, au Soir, à La Presse. Ami d’Étienne Arago, il publie une analyse de ses Mémoires dans Le Temps du 28 mai 1892.

Historien, il compose entre autres une Histoire de la Révolution de 1870-1871.

En littérature, il publie en début de carrière des romans sentimentaux aux accents mélodramatiques, notamment Eliza Mercœur (1864) et Le Dernier Baiser (1864), puis fait quelques incursions dans le roman policier avec Un assassin (1866), récit d’un « crime mondain qui devint l’un des grands succès de l’année, et Le Petit Jacques (1885), un mélodrame plusieurs fois adapté au cinéma, dans lequel un ouvrier se laisse accuser d’un meurtre, le coupable lui ayant promis de donner à son fils une bonne éducation ». Parmi les autres récits appartenant au genre policier, il faut compter Jean Mornas (1885), L’Accusateur (1895), L’Obsession (Moi et l’autre) (1905-1908), et des nouvelles, « en particulier Catissou et Kadja (publiées avec le roman Jean Mornas) ; mais aussi L’Homme aux mains de cire (1878), dans laquelle le héros, persuadé que l’inconnu qui fait la cour à sa propre fiancée est un vampire, trucide son rival d’un coup de poignard béni dans le cœur ; ou encore, L’impulsion (1912), qui s’intéresse aux mobiles d’un meurtre, en apparence gratuit ».

Jules Claretie donne également de nombreux romans sur les milieux de la bourgeoisie et du pouvoir, tels que Monsieur le Ministre (1881) et Le Million (1882), ou quelques récits dans un registre plus exotiques, comme Le Prince Zilah (1884) qui est adapté à deux reprises au cinéma. Plusieurs de ses romans, dont La Famille des Gueux (écrit avec Ferdinando Petruccelli della Gattina), sont également adaptés pour la scène.

En 1894, il écrit pour Massenet le livret de La Navarraise et celui d’Amadis, tiré d’Amadis de Gaule, roman chevaleresque de Garci Rodríguez de Montalvo, qui n’est créé qu’après la mort des deux artistes, le 1er avril 1922 au Grand Théâtre de Monte Carlo.

Il est élu président de la Société des gens de lettres, puis, en 1882 et 1883, il devient vice-président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avant d’être nommé, de 1885 à 1913, administrateur général de la Comédie-Française, dont il ouvre les portes à des auteurs contemporains, tels que Paul Hervieu, Henry Bataille et Octave Mirbeau, dont il fait jouer Les affaires sont les affaires et, à contre-cœur et contraint par une décision de justice, Le Foyer.

Il est élu membre de l’Académie française (au fauteuil 35) le 26 janvier 1888. Il est reçu par Ernest Renan. Son fauteuil avait été celui de Cuvier en 1818. Joffre lui succède en 1918, puis Weygand en 1931 et Leprince-Ringuet en 1966.

On raconte que Jules Claretie organisait des répétitions de la Comédie Française chez lui, à Viroflay, pour s’éviter des déplacements. Cela aurait donné lieu à des afflux de calèches rue de la Saussaie.

Il entretenait la chronique parisienne, mais la chronique s’intéressait aussi à Jules Claretie comme on le voit ci-dessous...

Nos célébrités aux champs (J. Claretie) 1908

On consacre, dit-on de nos jours, trop de colonnes à nos "célébrités" ou aux "people". En 1908, Lectures pour Tous (10e année) traitait sur une dizaine de feuillets des villégiatures de Sarah Bernhardt, Alfred Capus etc. ... et particulièrement de Jules Claretie à Viroflay. Une vue nous présente J. Claretie gentleman farmer tondant son gazon, à tout le moins penché sur une tondeuse.

"Il est à Paris une centaine de personnes dont tout le monde s’occupe. Croyez-vous qu’on cesse de s’intéresser à elles pendant cette saison estivale où la vie semble s’interrompre ? Nullement. Nous voulons savoir comment ces Parisiens célèbres et ces Parisiennes à la mode passent leurs vacances, quelle est leur distraction favorite, quelle est leur manière de se reposer. Les détails nombreux et précis que nous avons pu réunir vous donneront l’agréable illusion que vous êtes allés faire un séjour auprès de quelques-uns de nos contemporains les plus fameux." (Lectures pour Tous 1908)

J. Claretie d’attaque pour tondre sa pelouse.
J. Claretie d’attaque pour tondre sa pelouse.

Jules Clartie à la mer avec des amis.
Jules Clartie à la mer avec des amis.

Au gré des cartes postales

Claretie faisait éditer des CPA pour son usage personnel, notamment aux armes des Annales où il écrivait ; on imagine aisément qu’il avait beaucoup de correspondants. En 1936, des CPA furent éditées par le Syndicat d’initiative dont l’une représentait la villa Les Ormes.

-  Des personnes moins connues résidèrent dans la villa de la rue de la Saussaye ...

Mme Couture rend compte de sa villégiature à Viroflay, 8 rue de la Saussaie, de mai à juin 1912. CPA n° 1791, E. Malcuit, Paris. Circulée le 17 juin 1912. (coll. part.)
Mme Couture rend compte de sa villégiature à Viroflay, 8 rue de la Saussaie, de mai à juin 1912. CPA n° 1791, E. Malcuit, Paris. Circulée le 17 juin 1912. (coll. part.)

La villa de M. Claretie (Les Ormes). CPA n° 1791, E. Malcuit, Paris. Circulée le 17 juin 1912. (coll. part.)
La villa de M. Claretie (Les Ormes). CPA n° 1791, E. Malcuit, Paris. Circulée le 17 juin 1912. (coll. part.)

Lu dans Fémina

Entre des articles sur les tendance de mode féminine, deux pages sur Jules Claretie agrémentées de photos en famille.

On lit aussi ceci :

Vacances d’Académicien.

Chroniqueur, romancier, académicien, administrateur à la Comédie-Française, M. Jules Claretie est un des hommes de France les plus occupés. Son activité est étonnante. Il reçoit tant de monde, écrit tant de choses, que, l’année finie, on reste stupéfait devant le labeur auquel il a suffi. Se repose-t-il quelquefois ? Prend-il vraiment des « vacances » ? On ne sait. Du moins, il quitte Paris l’été, et villégiature au milieu des siens, dans une charmante villa de Viroflay, où Fémina a été le surprendre. * * *

Jules Claretie en vacances, cela paraît invraisemblable ; elles ne durent que quinze jours par an, avec le tintement continu du téléphone, des ballots de lettres, de manuscrits, de livres, et beaucoup de feuillets de copie ; pour d’autres ce serait fatigue, c’est ce qu’il appelle son repos ; il est écrivain jusqu’à midi, puis administrateur de la Comédie-Française jusqu’à minuit, ne jouit de sa famille et de ses amis qu’aux heures des repas, ayant pour voisin de table Claretie III, son gentil petit bonhomme avec lequel il pratique l’art d’être grand-père ; c’est le personnage important de la maisonnée, celui vers qui convergent tous les regards, et qui joue à son tour le rôle qu’a joué son papa, enfant aux longues boucles peint par Carolus, aujourd’hui avocat d’assises et sauveteur de Mokrani.**

Cheveux blancs, chevelure blonde de jeune mère, barbe grisonnante, ne croirait-on pas une intimité charmante d’un tableau de Greuze ? La photographie n’a pas besoin de retouche, la scène familiale apparaît exquise ;

Le décor de villégiature encadre joliment : à Viroflay, en ce pays où toute la révolution française a passé, torrent de lave épandu sur la route royale - l’historien de Camille Desmoulins sait ces choses par le menu - le chemin de la saussaie monte de la gare entre des maisonnettes de paysans, et, au tournant du premier chemin, une grille laisse voir un grand jardin ombreux aux massifs de fleurs soigneusement entretenues.

L’habitation (que Gambetta avait failli acheter avant de se fixer aux Jardies), et que Jules Claretie a peu à peu agrandie, est pittoresque avec son perron de bois, ses plaques de faïence, ses balcons de Charlotte Corday et de Robespierre, sa salle à manger tendue d’une toile de tente à raies rouges, son salon tout gai d’une étoffe à fleurettes XVIIIème siècle, son cabinet de travail avec plafond à solives saillantes peintes en marron, à la cheminée surmontée du portrait par Gabriel Ferrier, ornée de la statuette par Rivière.

Des tableaux, des bahuts bondés de livres, une grande bibliothèque contenant, uniformément reliée en tricolore, la fameuse collection des documents sur la Révolution française, cette demeure d’été est un musée qu’il y aurait plaisir à détailler ; mais pour dire, les documents, les dessins, les souvenirs que Jules Claretie possède, comme pour faire la bibliographie de son œuvre complète plusieurs numéros de Fémina ne suffiraient pas ; il disait récemment : « On me reproche de tout voir et d’avoir beaucoup vu. Eh ! c’est un peu le sort des gens qui ont vécu des années fécondes en surprises, lourdes d’aventures et de soucis ; et c’est aussi ce qui console de vieillir. On se rappelle ce qui, dans le passé, vaut la peine d’être retenu, et voilà après tout un rajeunissement comme un autre.

Il dira « J’étais là ! Telle chose m’advint ! »

Mais parce qu’on a vu nombre d’évènements, ce n’est pas une raison pour n’en point voir encore et, jusqu’à la fin, je crois bien que je resterai curieux des livres, des hommes et des choses. »

Et il ajoute, ce qui est un véridique couplet pour son étude sur lui : « Je suis souvent là, en effet, différent en cela de quelques-uns qui n’y sont jamais. Je suis là pour écrire une préface quand, je l’avoue, je serais tout disposé à me reposer un moment ; je suis là pour présider quelque commission quand j’aimerais fort livre un bon livre ou bavarder avec un vieil ami ; je suis là pour inaugurer quelque statue et prononcer, tête nue, quelque discours, en résignant la migraine ; je suis là pour bien des démarches lorsqu’il s’agit d’une sollicitation ou d’un secours intéressant autrui ... ... Maurice Guillemot

**(Le Figaro du 2/01/1904 relate : - La grâce de Mokrani. - A la suite des articles publiés dans le Figaro sur les Mokrani, par M. Georges Claretie, le jeune avocat avait reçu-du neveu du vieux Mokrani, en garnison en Tunisie, une lettre où l’officier, serviteur de la France, écrivait : « Vous vous êtes fait l’avocat d’une cause juste. J’espère que, cette fois, votre appel à la pitié réussira. Tenez-moi au courant. » En apprenant que la grâce de Mokrani était généreusement signée par M. le Président de la République, M. Georges Claretie avait télégraphié au lieutenant Mokrani que son oncle était gracié et libre. M. Georges Claretie vient de recevoir de l’administration des postes cette petite note : « Le télégramme envoyé à Mohammed Mokrani, lieutenant de spahis, Gabès, n’a pu être remis, le destinataire étant décédé. » La destinée a été tragique jusqu’au bout, et l’officier n’a pu avoir cette joie suprême.)

(Plus tard G. Claretie accueillera Mokrani au retour du bagne selon le Figaro du 3 juillet 1904. M. Georges Claretie, qui a pris une part si importante à la libération de Mokrani, a voulu être un des premiers à saluer sur la terre française le condamné de 1871. Notre distingué confrère nous adresse, de son entrevu, la relation suivante, qu’on lira avec un vif intérêt.

Marseille, le 02 juillet 1904. C’est aujourd’hui qu’a débarqué à Marseille El Mokrani, le vieil arabe, l’insurgé de 71, condamné à mort et qu’on vient de grâcier après trente-deux ans de bagne.

La famille des Mokrani est encore nombreuse au pays arabe et c’est avec impatience qu’elle attend le retour de Bou Mezrag, le chef de famille, qui revient aujourd’hui de Nouméa. Le condamné a un fils, iman à Koléa, en Algérie, et ce fils, le vieux chef ne le connaît pas. Il n’avait que neuf ans, lorsque la Cour de Constantine condamna Mokrani à la peine capitale. Le vieillard a deux sœurs encore. L’une est aujourd’hui mourante, à Zarsis, en Tunisie ; l’autre l’attend à Kairouan.

Beaucoup d’autres proches qui l’attendent aussi là-bas, en Algérie, ne le connaissent pas, beaucoup sont morts pendant ces trente-deux ans de bagne. Mort aussi, Me Cléry, qui a tant fait pour la cause de Mokrani et qui n’aura pas la joie de voir le vieux chef de retour.

Le Stéphanois 1910

Journal Quotidien d’Informations rapides par Fil Télégraphique spécial, 3 novembre 1910

Courrier de Paris : Les noces d’argent de M. Claretie. - Quelques souvenirs rapportés de Viroflay.- Un sifflet dans un encensoir - La première des « Marionnettes ».

Paris, 2 novembre.

J’ai connu M. Jules Claretie à Viroflay, dans le gentil chalet qu’il tint de Mme Scheurer-Kestner, la belle-mère de M. Ch. Floquet, ce qui ne prouve pas que j’aie l’âge d’être belle-mère, ni que M. Claretie aie celui d’oublier les bonnes relations de voisinage qu’il cultivait alors avec M. Joseph Bertrand l’académicien, M. Flourens l’ancien ministre, M. Mazé le sénateur, et au sein desquelles je recueillis l’honneur d’être parrainée par l’illustre directeur de la Maison de Molière, lorsque j’ambitionnai plus tard d’entrer à la Société des Gens de Lettres.

Un jardin dessiné avec goût et entretenu avec art entourait ce chalet, touchant d’autre part à la lisière des bois de Fausses-Reposes. Une tapisserie de verdure décorait la façade, laissant libres la porte précédée d’un perron en bois sculpté et les fenêtres ornées de grandes appliques de faïence polychrome.

L’intérieur était un véritable puzzle composé d’un bric-à-brac historique que le propriétaire avait rassemblé morceau par morceau avec une patience de Chinois : rampe d’escalier venant du grand Corneille, poutres peintes de l’hôtel La Trémouille, balcons de la chambre de Charlotte Corday, lanterne extérieure trouvée dans les fouilles d’Anvers, etc., etc.

Là-dedans, l’homme original et charmant dont on vient de célébrer les noces d’argent avec la Comédie-Française régnait, vêtu d’une veste bretonne à passementeries d’or et le chef inévitablement coiffé d’une calotte de drap bleu.

Je crois qu’il était surtout photographe, ayant appris cet art de mon confrère Jules Hoche, et qu’il n’y pratiquait guère que l’observation psychologique, grâce à laquelle il campait les types finauds des électeurs de Candidat.

Critique, chroniqueur, historien, romancier, auteur dramatique, le banlieusard de Viroflay, lorsqu’il devenait parisien, trouvait dans la conjugaison de sa propre bénignité avec les arrière-grâces de l’époque le moyen de vivre en relations excellentes avec tout le monde.

On m’a raconté que lorsqu’il fut porté à l’Académie, Victorien Sardou, Leconte de l’Isle et Pailleron frétèrent chacun un fiacre afin de se disputer, au trot attelé, la joie de porter le premier la nouvelle à l’élu, qui s’était, pour la circonstance, installé chez Camille Doucet.

Sardou gagne la course de plusieurs longueurs. Il grimpe sonne, se précipite dans le salon, tombe dans les bras de Claretie. Pailleron et Leconte de l’Isle pénètrent sur ces entrefaites. Tout le monde pleure. Quatrième coup de sonnette : C’est Alexandre Dumas qui vient enlever le néophyte pour le présenter aux hommages de toute la Comédie-Française réunie sous les armes.

Mlle Suzanne Reichemberg§ l’embrasse (ah ! l’heureux homme !), Mmes Bartet, Samary et Lloyd le couvrent de fleurs. C’était le bon temps.

Depuis, M. Claretie a eu à lutter contre une ennemie qu’il ne prévoyait guère, sa propre longévité, suscitatrice de nombreux envieux. A Paris, on ne tolère plus une fortune littéraire, artistique, ou même mondaine qu’à la condition qu’elle ne dure pas. L’homme arrivé voit pousser à son ombre une forêt de rejetons puisant en lui la force de vivre. Ces rejetons prennent de l’appétit. Bientôt pour eux, l’arbre qui les abrite devient la vieille souche contre laquelle on conspire, comme les crapauds contre le roi de la basse-cour. Ceux-là ne s’expliquent point autrement les persiflages accompagnant à la cantonade la célébration du vingt-cinquième anniversaire de l’entrée de M. Jules Claretie à la Comédie, qui savent l’intelligence administrative déployée par lui durant ce laps, et qui considèrent l’admirable essor d’où la célèbre Maison tire aujourd’hui son éclat aux regards du monde entier.

Grand brocanteur d’esprit, le maître de céans n’a rien trouvé de mieux, pour démontrer son inaltérable juvénilité, que de découvrir et de monter un nouveau chef-d’œuvre.

M. Pierre Wolff fecit ces Marionnettes, au titre à la fois sybillin et délicieusement suggestif, accolé à la gravité de notre première scène, qui feront courir tout Paris, en attendant qu’elles pérégrinent entre l’Europe et les Amériques. On nous a tant de fois montré l’assaut conduit par l’amour illicite contre les époux insuffisamment équilibrés que nous avons éprouvé comme un soulagement moral à voir, dans les Marionnettes, une femme légitime entreprendre et mener à bien la conquête de son mari. Et puis, quelle jolie et utile façon dans une société comme la nôtre où neuf épouseurs sur dix cherchent dans le mariage la « fin » résurrectrice de leur santé chétive et surtout sustentatrice de leur bourse vidée !

Le héros de M. Wolff n’est que de ceux-là. Mis maternellement "en demeure d’opter entre la petite cousine de province et la pension alimentaire de deux cents francs par mois, il choisit la petite cousine, n’hésitant point d’ailleurs à confesser à cette ingénue le peu d’enthousiasme avec lequel il abandonne le célibat et les marionnettes (je veux dire les amis) qui le lui rendaient supportable.

Une bécasse crierait. L’avisée petite femme, point. Elle possède son idéal. Désormais, elle va s’employer à transformer le mari réfractaire de manière à le doter du caractère qu’elle admire et des vertus qu’elle souhaite rencontrer. Et c’est cette lutte charmante, pleine de trouvailles et de mots exquis que la provinciale réussit à mener à bien sur le coup de minuit, toute la salle pâmée d’une victoire aussi parfaitement féminine et à la fois si profondément humaine.

Ce marivaudage s’habille des velours les plus brillants que la mode nous impose à l’heure actuelle. La mise an scène est d’une recherche incroyable. Quant à l’interprétation, elle a été aux nues avec Mlle Pierat et M. Grand auxquels s’adjoignent MM. De Féraudy, Léon Bernard, Alexandre, Mlles Provost, Maille et Robinne.

Gabrielle GAVELLIER

§ Mlle Suzanne Reichenberg (ou Reichemberg) était une comédienne célèbre du Français. Née en 1853, prix du Conservatoire à 14 ans, elle est sociétaire de la Comédie Française juste avant ses 15 ans ! Elle fut la reine des ingénues au théâtre de 1870 à 1900. Proche de Clémenceau, elle fut mise en scène par Marcel Proust dans La Recherche du temps perdu. En 1876, elle joue Suzel dans L’Ami Fritz d’Erckman et Chatrian.

On dit que la crêpe Suzette fut inventée en son honneur : "Les légendes autour de la création de cette recette sont nombreuses. Plusieurs cuisiniers ou restaurants se sont attribué ou vu attribuer l’invention de la crêpe Suzette. La création de la recette est souvent attribuée à Auguste Escoffier, en 1890, alors chef de cuisine l’hôtel Savoy à Londres. Auparavant, il avait été le chef de cuisine du Grand Hôtel de César Ritz, où avait été popularisée la liqueur de Grand Marnier. Selon cette hypothèse, Escoffier aurait préparé des crêpes aromatisées au curaçao pour le prince de Galles et futur roi d’Angleterre Édouard VII. Ce dernier aurait suggéré de donner au dessert le prénom de Suzanne Reichenberg, l’actrice de la Comédie-Française qui l’accompagnait. En 1903, la recette figure dans le Guide culinaire d’Escoffier. D’autres sources contestent la paternité d’Escoffier dans cette invention. Selon une autre légende, la crêpe Suzette a été créée par un certain M. Joseph, chef pâtissier au restaurant parisien Le Marivaux, en 1897, qui fournissait alors régulièrement des crêpes à la Comédie-Française. Dans cette version encore, c’est la comédienne Suzanne Reichenberg qui aurait inspiré le pâtissier."

L’actrice dans sa loge à la Comédie Française. (1898)
L’actrice dans sa loge à la Comédie Française. (1898)

Les célébrités en mini cartes, à trouver dans le chocolat. Série de 500 personnages en 1900.
Les célébrités en mini cartes, à trouver dans le chocolat. Série de 500 personnages en 1900.

Georges Claretie

Georges Claretie, fils de Jules, né le 05 07 1875, décédé le 09 10 1936. Docteur en droit (1901), avocat à la Cour d’appel de Paris et chroniqueur judiciaire. Il a publié ses chroniques judiciaires. Notice universitaire Sudoc

Une CP de leur maison porte un courrier autographe au procureur général suite à une remise de peine :

Transcription : Monsieur le Procureur Général, Je vous remercie infiniment de votre si aimable lettre. Je suis profondément heureux que M. ... ait obtenu une remise de peine, car en toute conscience il me semble qu’il la méritait. Je lui ai donc annoncé cette bonne nouvelle.

J’espère avoir le plaisir de vous voir bientôt, et parler avec vous de choses moins professionnelles. Mes parents vous envoient leurs meilleurs souvenirs et je vous prie de me croire votre très profondément dévoué de tout cœur

Georges Claretie

Une autre carte porte aussi sa signature.

Transcription : Avec tous nos remerciements pour ce souvenir qui nous touche très profondément. G Claretie


mise à jour mars 2021